Depuis quelques années, je passe toujours une partie de mon été en Slovénie. D’abord en road trip avec des copains où nous avions découvert la vallée de la Socca et la joie de bivouaquer à ses côtés. L’été suivant, nous sommes partis découvrir le Bivak Pod Grintovcem et le magnifique Bivak Pod Skuto nichés au milieu du Triglav. Puis à la fin d’un voyage en stop en Aout dernier j’ai de nouveau atterri à Piran, une petite ville Slovène entre l’Italie et la Croatie au bord de la Mer Adriatique.
Je suis touché par ces espaces, la grandeur des montagnes, la douceur du soleil couchant au bord de la mer, la puissance des rivières et les histoires portées par les lacs. C’est une joie de renoué avec ce rituel estival et de me diriger de nouveau en direction de ce pays, accompagné de mon vélo et de quelques copaines dans l’envie de parcourir les 700km et 7000m de dénivelé négatif qui sépare Ljubljana de Constance.
16 Août 2024. 13h25
J’arrive à la gare routière de Lyon Perrache. J’attends Edouard en commençant à démonter les roues et accessoires de mon vélo pour faciliter son transport dans la housse. Je suis heureux de le retrouver, il a l’air joyeux d’être là. Sandales au pied, casque sur la tête et gâteau dans le sac, il est bien équipé pour son premier voyage en bike packing. Edouard est une personne très importante dans ma vie, je l’ai rencontré au début du lycée à ce moment où nos envies de libertés se sont retrouvées. Elles ont pris différentes formes depuis quelques années, pêcher dans les lacs des montagnes Norvégiennes, créer des projets artistiques, militer, danser, explorer des villes, des parcs et des pays. Je l’aime fort !
On se bouge de terminer le rangement des vélos en espérant que l’on pourra monter dans le bus avec… Le règlement n’est pas très clair, on se dirige vers le chauffeur pour négocier avec lui. C’est un gars Italien, chemise blanche, baskets noires, il ne parle pas vraiment anglais, ni français. Les vélos ne lui posent pas de problème, il nous aide même à les installer. C’est un soulagement de savoir qu’on ne restera pas sur le quai, le voyage peut commencer !
17 AOUT : JOUR 1 LJUBJANA – JESENICE
(74km / D+ : 730 / D- : 400)
Nous arrivons le lendemain dans la capitale Slovène, Ljubljana vers 9h30. Le trajet n’était pas si long, le changement de bus à Milan nous a permis de prendre l’air, de manger une pizza et de se balader à vélo dans la nuit.
On commence à explorer la ville en attendant l’arrivée de nos copains. En buvant notre premier café on croise une autruche de compagnie qui se promène avec son maitre au bord de la Ljubjanica (le fleuve qui traverse Ljubljana). On prend le temps de saluer du regard les bâtiments aux milles couleurs et les rues de la vieille ville.
On retourne à la gare pour accueillir Julie, Élise, Kelly et Martin. Avec nos quelques heures de balades nous servons de guide, on se pose dans un bar, on se raconte les nouvelles et nos envies pour le voyage. Avec Martin nous allons faire quelques courses qui dureront plus longtemps que prévu. Pendant ce temps une première équipe prend la route en direction de Jesenice, lieu de notre premier bivouac à environ 80km d’ici.
J’arrive finalement à sortir du supermarché pour rejoindre Martin qui m’attendais avec les vélos. Les premiers kilomètres se passent bien, nous sortons de la ville. J’ai hâte de trouver le
calme des campagnes, le silence des oiseaux et la vue sur les montagnes. Je sens une excitation comme à chaque début de voyage. Je n’ai aucune idée de ce que nous allons vivre personnellement et collectivement. Je suis sur mon vélo, l’asphalte de la route de campagne exalte les parfums de l’orage passé, l’humidité ambiante est rapidement chassée par les derniers rayons de soleil de la journée, je suis content d’être là.
Quelques heures plus tard, nous rejoignons le reste du groupe. Les quelques fruits secs et barres de céréales présentes dans nos sacoches nous donnent l’énergie de continuer jusqu’au campement du premier soir. Pour notre premier bivouac, on cherche le spot idéal. Un lieu plat au maximum, à l’abris des regards et proche d’une rivière pour la douche et la vaisselle du lendemain. On se jette dans l’eau froide, on monte les tentes pendant que les pates cuisent.
18 AOUT : JOUR 2 JESENICE – KIRCHBACH
86km / D+ : 550 / D- : 400
Le réveil sonne à 7h30, on prend le temps de ranger le campement et de s’offrir un p’tit déj de qualité avant 9h. Avec 45 minutes de retard nous commençons le programme chargé de la journée. Environ 85km, 550D+ et 400D-. Après une pause-café et quelques heures de vélo nous sommes accueilli.es en Italie par la pluie. La nature se transforme, les chemins de terre deviennent rivière. Je sens la boue se projeter sur mon visage, mes jambes et mes mains. Avec nos vélos nous traversons plusieurs torrents, bien que l’eau jusqu’au mollet nous ralentisse quelque peu. Chaque partie de mon corps est mouillée, j’ai l’impression de faire partie de la nature, d’incarner un élément.Quelques heures plus tard, le soleil commence à pointer le bout de ses rayons et nous mangeons contre toute attente sous un grand ciel bleu. On en profite pour faire sécher nos chaussures, réouvrir les tentes, les tarps, et sortir le panneau solaire. L’élixir de gingembre, la spiruline et le houmous sont les stars du pique-nique. Malgré notre envie de sieste au soleil, on décide de poursuivre la route encore longue, on doit réussir à traverser la frontière Italo-Autrichienne avant la fin de journée. Nous avançons au pied de la vallée le long d’une grande rivière pendant que se dessine derrière nous la fin des montagnes du Triglav que nous venons de traverser. On ne croise aucune voiture. Le soleil doré fait briller le clocher orangé de l’église de nos derniers kilomètres.
« Chaque partie de mon corps est mouillée, j’ai l’impression de faire partie de la nature, d’incarner un élément. »
On arrive au village de Kirchbach en Autriche, on y aperçoit quelques maisons vides et de nombreux bars et restaurants fermés. La motivation d’une boisson fraiche, nous aide de trouver le seul motel ouvert. Un homme occupe une des deux tables présente sur la terrasse, qu’il nous invite gentiment à partager avec lui. Les pizzas, les frites, les toasts au fromage et les bières sont une belle récompense de la journée. Je crois qu’Edouard commence à aimer l’aventure à vélo. A la tombée de la nuit, on trouve un espace pour installer le bivouac au bord de l’eau dans laquelle on continue de se laver. Quelques discussions accompagnent les étoiles dans le ciel, mes yeux se ferment doucement, je résiste pour finir le montage de la vidéo du jour puis me laisse tomber dans mon duvet.
19 AOUT : JOUR 3 KIRCHBACH – PRATO ALLA DRAVA
85km / D+ : 950 / D- : 490
Malgré nos tentatives le départ arrive toujours après 9h. L’objectif de la journée est de rouler les 85km et de grimper les 950m de dénivelé positif qui nous séparent de la frontière italienne. Julie, Martin, Élise, Kelly et moi sommes plutôt habitués aux voyages à vélos, pour Edouard c’est une première ! Je lui avais parlé de ce projet quelques mois plus tôt et je crois qu’il était curieux. J’espère réussir à lui transmette la joie des interminables côtes à 18%, le pique-nique du midi, les siestes au soleil, les tartines de Nocciolata du matin, les apéros d’arrivée et les baignades de fin de journée ! J’espère aussi qu’il trouvera ses joies à lui et qu’à son tour il pourra me les partager ! Pour le premier jour depuis notre départ, nous prenons le temps de lire les blagues de Guillaume Meurice, les astuces pour démanteler un pipeline et les réflexions sur l’écologie pirate de Fatima Ouassak.
Je suis allongé dans l’herbe, le sang de mon corps circule à pleine vitesse pour réchauffer mes orteils perdus dans la douche d’eau de montagne. Mon pantalon fourré dans le haut de mes chaussettes et ma capuche par-dessus ma casquette me protègent des premiers moustiques. Le soleil nous souhaite une belle soirée en allant se coucher. Ma lecture est entrecoupée par les images joyeuses de la journée. Je repense aux abeilles voletantes dans les tournesols géants, aux glaces italiennes à dévorer à l’ombre d’un arbre avant qu’elles ne fondent, aux tartines de fromage, tomates séchées, carotte et spiruline. J’ai encore la sensation de pleine vitesse dans les descentes, ces moments où l’aspiration d’un groupe te donne l’impression de voler.
La fin de la journée se passe bien, notre repas est accompagné de musique ce qui nous donne avec Kelly et Edouard l’envie de bouger. On marche quelques minutes pour danser sur la piste cyclable au milieu des montagnes italiennes. Malgré la journée de vélo, nos corps sont portés, le bruit de la rivière et les vibrations de la musique nous mettent en mouvement. Parfois quelques vélos passent au milieu de la nuit.Je ne sais pas combien de temps nous sommes resté.es ici à bouger, je me suis laissé porter en pensant à l’année qui arrivait et aux prochains projets de danse que j’avais envie de faire fleurir !
20 AOUT : JOUR 4 PRATO ALLA DRAVA – VIPITENO
101km / D+ : 980 / D- : 440
Aujourd’hui, l’aventure de 100km me laisse le temps de vous partager deux gratitudes ! D’abord la joie de pouvoir rouler avec un vélo autant adapté à mes envies. (Promis la parenthèse technique sera rapide !) C’est un Sutra LTD de chez Kona. Une marque canadienne que j’avais déjà roulée de 2020 à 2022 avant de me le faire voler. Suite à cette mésaventure j’avais besoin d’un nouveau vélo ! Je me suis donc tourné vers le plus VTT des Gravel. Un cadre acier de zinzin pour les vibrations, sa résistance et ses possibilités de réparation aux quatre coins du monde ! Un mono-plateau 36t X-Sinc monté avec une cassette 11-42 pouvant aller jusqu’à 11-46. Équipé d’un freinage à disque hydraulique SRAM Rival 1 et des attaches partout sur le cadre pour accessoiriser au mieux le vélo à ma pratique. J’ai installé à l’avant un panier fait en France de chez Manivelle, dans lequel je peux mettre une sacoche Sugarloaf Basket Bag 11,5L de Swift industries. Avec cette installation j’ai facilement accès à mon matos photos, vidéo (micro, drone, trépied, …) et aux papiers importants !
Je suis content de pouvoir me sentir en sécurité en traversant autant de paysages inconnus. Hâte de continuer de partir à l’aventure avec ce beau vélo ! Alors, merci Natura-Vélo d’avoir rendu ça possible !
Ensuite je veux remercier toutes les personnes qui savent créer des pizzas aux légumes et des bières aux citrons pour les fins de journée, cœur sur vous <3
21 AOUT : JOUR 5 VIPITENO – INZING
77km / D+ : 790 / D- : 1 130
Malgré la superbe gestion d’Élise et Martin nous ne partons toujours pas pour 9h, encore désolé pour ça. C’est notre dernière journée avec Edouard qui prendra le bus du retour demain pour aller traverser la Bretagne en sac à dos avec son amoureuse. On passe une belle journée de vélo, du soleil, du soleil et du soleil. C’est plaisant quand la pluie reste dormir. On traverse Innsbruck, la première grande ville depuis notre départ Ljubljana. Sa position au creux des montagnes, la couleur du centre de la ville et le fleuve qui la traverse me font penser à Grenoble. J’ai la sensation d’être sur le Quai Perrière avant de monter à la Bastille.
« Je pense à cette phrase de mon Papa, la vie est deux fois bonne, d’abord quand on la vit puis quand on l’écrit. »
Je suis frustré de ne pas prendre d’avantage le temps d’explorer le centre. Aller photographier la texture des lumières sur les bâtiments et capturer quelques instants de vie des gens d’ici. J’aimerais traverser la ville de nuit pour en écouter ses histoires avant de me poser dans un café pour continuer de savourer ce voyage en l’écrivant. Je pense à cette phrase de mon Papa, la vie est deux fois bonne, d’abord quand on la vit puis quand on l’écrit. Après quelques glaces, nous cherchons le bivouac de notre dernière nuit commune. Nous sommes toutes et tous d’accord sur le même lieu du premier coup, ce qui est rare pour l’équipe ! Un grand champ bordé d’une forêt, une rivière un peu boueuse et le soleil présent sous son plus beau jour. La raddler pétille, les cacahouètes craquent et les chips tournent, merci la vie !
22 AOUT : JOUR 6 INZING – PETTNEU AM ARLBERG
84km / D+ : 930 / D- : 320
Suite au petit déjeuner toujours aussi réconfortant, le moment des câlins pour le retour d’Edouard arrive. En terminant de me laver les dents au bord de la rivière, j’aperçois les dernières ombres de sa silhouette. Il prend chemin inverse en direction d’Innsbruck où son bus retour l’attend.
Nous resterons en Autriche pour la journée, en roulant 85km à travers pistes cyclables, routes de montagnes et beaux chemins de Gravel. Nous évitons le trafic des grands axes. On trouve des sentiers dans les vallées au bord de la rivière pour finalement pousser nos vélos sous les sapins des forêts autrichiennes.
« Aujourd’hui, je ressens cette facilité-là, comme si ma juste place était ici au creux des montagnes sur mon vélo. »
Au bout de plusieurs jours de vélo, mes besoins redeviennent primaires et mon corps me porte. Rouler toute la journée est presque nécessaire. J’ai envie d’alterner pédaler, manger, pédaler, manger, puis dormir pour recommencer le lendemain. Aujourd’hui, je ressens cette facilité-là, comme si ma juste place était ici au creux des montagnes sur mon vélo.
23 AOUT : JOUR 7 PETTNEU AM ARLBERG – RORSCHACH
72km / D+ : 230 / D- : 290
8h45, la nuit a été humide, le soleil est déjà présent sur nos visages. Nos vêtements de la lessive d’hier pendant aux branches d’arbres, aux arceaux de tentes ou au guidon de vélo laissent échapper leur humidité. La journée s’annonce intense. On doit commencer par une montée de 1000m de dénivelé pour arriver au col St Christophe 1793. Les barres de céréales sont prêtes. Nos écouteurs dans les oreilles pour être accompagné par les meilleurs podcasts, on décolle du campement avec l’envie d’être en haut. Pouvoir profiter de la vue, se dire qu’on est monté.es avec nos jambes et qu’on a bien mérité un café, du chocolat et une grande descente ! Mais les conditions climatiques en ont décidé autrement… L’Autriche a subie de violents orages ses derniers jours et les infrastructures humaines présentes de partout dans les montagnes rendent plus difficile son adaptation aux fortes pluies. Certaines routes se sont effondrées rendant l’accès au sommet impossible.
Mon premier réflexe est d’essayer, de passer derrière les policiers qui bloquent la route pour monter en haut du col mais après quelques réflexions avec l’équipe nous acceptons de prendre le train pour traverser la portion impraticable à vélo. Je suis finalement joyeux de plonger au creux des montagnes à pleine vitesse. On écrit les cartes postales achetées quelques heures plus tôt, on essaie notre nouvelle chemise, on boit du jus, on se repose.
Nous descendons du train aux alentours de 13h12, la vie est pleine d’heureuses coïncidences ! Quelques dizaines de kilomètres nous séparent d’un lac repéré sur la carte. On dépose nos vélos contre les arbres, on se déshabille rapidement pour sauter dans l’eau fraiche. Les montagnes nous observent, l’eau est turquoise, on installe le pique-nique. Nous sommes en avance dans la journée grâce au train, alors la pause s’allonge. A l’ombre d’un chêne, j’installe mon hamac et m’endors quelques minutes plus tard avec mon livre au bout des doigts. Toutes les affaires parfaitement séchées par le soleil sont rangées et pliées dans nos sacoches. Un dernier plongeon pour garder les cheveux humides sous le casque et nous repartons en direction de l’objectif final du voyage : le lac Constance !
Le rituel est installé, les bières et les raddler sont aux rendez-vous pour l’apéro et les pizzas aux légumes gratinées de fromage nous récompensent de la journée à rouler. Malgré les prix Suisses, on recommande pizzas, bières, et raddler pour célébrer notre dernière soirée. C’est notre dernière nuit, on se pose au bord du lac de Constance, sur un gazon fraichement coupé à moins d’un mètre de l’étendue bleue. Le tarp installé accueille cinq asticots allongé.es les un.es à côté des autres. Les étoiles brillent, l’humidité nous chatouille le nez, la nuit se promet douce.
24 AOUT : JOUR 8 RORSCHACH – CONSTANCE
28km / D+ : 120 / D- : 90
06h36. J’observe les premières nuances de couleur qui apparaissent sur l’eau. Élise assise et enveloppée dans son duvet bleu observe le jour grandir. Je me rendors puis je suis réveillé quelques dizaines de minutes plus tard. J’ai envie de photographier ces moments. Julie est réveillée, elle échange avec Élise. Dans la nuit une voiture est rentrée dans un arbre à quelques dizaines de mètre de notre spot, une énorme branche est tombée. Nous avions hésité à planter le campement sous cet arbre, notre clarté d’esprit de fin de soirée nous a surement protégés.
Martin sort la tête de son duvet suivi de près par Kelly. Nous voilà toutes les cinq à observer ce lac immense et paisible qui relie l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche.
J’apprendrai plus tard que mon grand-père a dû faire son service militaire ici. Je réalise la chance de j’ai de pouvoir passer un été à voyager avec des copaines que j’aime alors, que cinquante ans plus tôt, il a dû partir loin de ses ami.es, ses passions et sa famille sous risque de se voir exclu du pays. Nous avons peut-être chacun assisté au réveil du soleil, à l’obscurité chassée par les premières nuances de bleu. Je plonge dans l’eau, il est 8h du matin, le lac est vide de touriste mais déjà plein de vie.
Aujourd’hui la journée est calme, on roule quelques kilomètres avant de s’arrêter pour le petit déjeuner. On remonte brièvement sur nos vélos avant de trouver une grande plage d’herbe à l’ombre des arbres. On s’y baigne, on se lave les cheveux pour la première fois depuis le début du voyage afin de ne pas gêner nos voisin.es dans le bus retour.
Après avoir attachés quelques bananes aux sacoches de cadres home made d’Élise on se dirige en direction d’une crique sauvage. On emprunte un petit chemin pour déposer nos vélos avant de s’assoir au milieu des galets. On se baigne, on mange, on dessine nos futurs logos de t-shirt, on écoute de la musique, on bouquine.
Je n’ai pas envie de rentrer, j’ai l’impression d’être vivant assis ici. Vivre au rythme de la nature. Debout au lever du jour, au lit à la tombée de la nuit. J’ai l’impression de respecter mon corps, de lui donner ce qu’il passe l’année à me réclamer. Ce voyage me donne le temps. Le temps pour penser, le temps pour me déplacer, le temps pour m’ennuyer quand je ne capte plus de 4G, le temps de questionner les prochains projets à créer.
Je m’endors au bord de ce lac, je sais que le bus nous ramènera en France dans quelques heures. Je conserve dans mon corps l’énergie de ce voyage pour l’invoquer quand la course de la vie aura repris.
C’est sûr, bientôt je repartirai, avec du temps, sans autre but que celui de rester connecter à la vie et à ses couleurs changeantes.
Texte & Photos : Robin Jamon